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Mort de Robert Badinter
La Mémoire, la Justice, la France éternelle et la Démocratie, voici l’héritage que nous laisse Robert Badinter après une vie de réflexions et d’actions d’une richesse et d’une densité inouïes. Peu de personnages historiques ont autant marqué notre histoire contemporaine.
Je l’ai spécialement connu lorsqu’il était Président du Conseil constitutionnel entre 1992 – mon entrée comme membre du Conseil – et 1995 – la fin de son mandat de Président du Conseil. Entouré des plus fins juristes de l’époque, il travaillait ses dossiers de manière si approfondie que les séances nourries de discussions sous sa houlette étaient toutes plus passionnantes les unes que les autres. Son don oratoire hors norme n’était pas sans influer nos décisions. Il régnait à l’époque entre les membres, par-delà les opinions différentes, un vent de liberté d’expression et un climat d’amitié et de respect mutuel qui ont fait le bonheur de la jeune membre du Conseil que j’étais alors. Les grandes décisions étaient le fruit de débats intenses et si les divergences s’exprimaient, elles ne rompaient nullement la cohésion de l’Institution de sorte qu’in fine la plupart des décisions étaient consensuelles. Je rends hommage au grand juriste, à l’homme de bien, à l’homme d’action, au Républicain, à l’Européen de cœur et à son œuvre écrite phénoménale dont l’ouvrage Idiss sur sa grand-mère n’est pas le moins émouvant.
En hommage à Robert Badinter, quoi de mieux que les mots du Président Mitterrand le 3 novembre 1994 lors du 20e anniversaire de la réforme constitutionnelle de la saisine parlementaire (voir la photo ci-dessous) qui soulignait combien le Président Badinter avait servi la République au mieux de ses forces, ajoutant : « Je n'ignore rien de vos combats, depuis votre enfance, depuis les souffrances de cette enfance les difficultés de la vie matérielle, le sentiment d'être exclu et c'était la réalité, et finalement la reconnaissance de vos contemporains pour vos connaissances juridiques et votre sens de l'équité. Comme vous le disiez tout à l'heure, vous avez voulu servir la République et je crois pouvoir généraliser l'expression à l'égard des huit autres membres du Conseil qui aiment la République et qui la servent ».
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